Bernard n’a plus à rougir de Saint-Viateur
Des cafés, au luthier en passant par son nouveau restaurant indien, la portion milendoise de la rue Bernard a plus que jamais le vent dans les voiles.
Longtemps dans l’ombre de la rue Saint-Viateur avec ses nombreux restaurants et ses incontournables bagels, la rue Bernard n’a désormais plus rien à lui envier.
Au total, ce sont pas moins de cinq nouveaux commerces qui ont ouvert leur porte au cours de la dernière année et aucun de leurs propriétaires ne regrette de s’y être installé.
Une rue artistique
Dans ce quartier tant connu pour ses nombreux artistes, l’ouverture il y a près de six mois de la boutique Lomala Guitare semblait être une évidence. Du moins, ça l’était et le reste encore pour ses propriétaires Antonin Mercier et David Lemyre, tous les deux luthiers.
«C’est sûr que le Mile End c’est logique pour un magasin de musique ou de guitares, car ce quartier est reconnu comme le centre montréalais de l’art et la culture», explique Antonin Mercier. «C’est une boutique qui fitte énormément dans le quartier.»
On y retrouve des instruments rétro comme cette guitare acoustique de 1949 ou encore des amplificateurs des années 60, mais c’est avant tout un savoir-faire que viennent chercher leurs clients.
Dans ce petit local où l’humidité ne peut descendre en dessous de 45% pour le bien des instruments, ce sont des techniques des années 50 et 60 qui continuent d’être utilisées.
«Même encore aujourd’hui il n’y a pas de publicité, c’est vraiment du bouche-à-oreille et c’est sûr que d’avoir une devanture ça aide beaucoup», ajoute Antonin. Ce dernier compte déjà une centaine de guitares sur sa liste d’attente.
«J’ai déjà besoin de déménager, mais si je déménage ce sera sur la rue Bernard», dit-il. «Je trouve que ça se développe désormais un peu plus comme la rue artistique.»
Une rue caféinée
Dans les dernières années, ce ne sont pas deux, mais bien trois cafés qui ont ouvert sur la rue Bernard. Au-delà de l’énergie qu’ils lui donnent, chacun d’entre eux amène sa propre signature, permettant aux passants de boire le café qui leur convient le mieux.
Le café Alphabet ne manque pas d'énergiser l’intersection de la rue Clark. Ouvert en juillet dernier, il a depuis reçu la visite du premier ministre Justin Trudeau accompagné de son homologue grec, Kyriákos Mitsotákis, ou encore celle de l’actrice Blake Lively.
Cette famille de torréfacteurs ne s’est pas installée ici par hasard. Elle avait déjà ouvert sa propre boulangerie en 1973 à quelques coins de rue de là. Désormais, Tony Argiropoulos et son frère Tom se réjouissent de faire revivre les souvenirs d'antan de leur famille.
«Quand j’ai trouvé ce local-là, ça m'a généré des émotions et ça m’a parlé, je me suis dit que c’était la place parfaite pour nous», raconte Tony Argiropoulos. «On a une bonne équipe familiale, et les personnes aiment ce qu’on sert, car on innove et on a toujours de nouvelles choses.»
Pour Tony, aucune compétition n’a lieu avec les autres cafés du quartier qui ont chacun leur «propre style».
«Je suis vraiment fier de ma famille et de mon équipe, mais surtout fier d’être dans un quartier où la communauté nous a adoptés», ajoute Tony.
Les senteurs de café se poursuivent à quelques rues de là tout en se mélangeant à celles de biscuits fraîchement préparés.
Ouvert en août dernier, le café Maison Sauvage propose des boissons les plus gourmandes les unes que les autres, mais ce sont désormais ses cookies qui en font la renommée.
«On m’a toujours dit que ma recette de cookies était très bonne», explique sa propriétaire Zina Remahi. «Au début, ça devait être juste un accompagnement avec le café, mais désormais les gens viennent et demandent [directement] les cookies.»
Zina Remahi ne regrette en rien d’avoir choisi la rue Bernard, elle qui plus jeune a fait son secondaire au Collège français sur la rue Fairmount.
«Au début, j'étais réticente par rapport à Saint-Viateur, mais là, avec tout ce qui s'est installé sur Bernard, c’était une des meilleures décisions», ajoute-t-elle. «On essaye de tout faire maison en étant esthétique, mais surtout bon.»
Non loin des senteurs de biscuits, se retrouve le petit dernier de la série caféinée. Se voulant comme un café traditionnel, où peut se retrouver la communauté, le café Mavi se démarque depuis trois mois par son authenticité.
Son propriétaire Peter Mavitzis veut avant tout y créer un endroit calme où le monde se retrouve pour échanger ou encore y travailler.
«On ne veut pas être différent des autres, on veut être un café traditionnel, où les gens peuvent faire une pause de leur vie et avoir un bon café», explique Peter Mavitzis. «Je veux être un café de quartier, où on peut exposer des artistes et faire des vernissages, un café pour la communauté qui met l’accent sur l’art.»
Ayant grandi dans le quartier, sur l’avenue Bernard, il ne se voyait pas ouvrir un café ailleurs. Derrière les fenêtres colorées à l’entrée de cet ancien bureau d’architecte, Peter compte bien y instaurer un coin de sérénité.
«C’est une ambiance calme, je ne réinvente rien, c’est un café», dit-il. «Pour moi, c’est le café et ça restera toujours le café.»
La rue Bernard n’a pas encore dit son dernier mot. De nouveaux commerces semblent être sur le point d’ouvrir. Après les cafés, la musique et la nourriture indienne, une nouvelle buanderie devrait voir le jour au coin de la rue Clark.
Selon les ouvriers qui travaillent à rénover les locaux, le lieu offrira la possibilité de faire sa lessive, mais aussi d’y acheter des électroménagers qu’ils soient neufs ou usagés.