De terrain vague à cour d’école grâce à des élèves du Mile End
Des élèves de l’école alternative Édu2 veulent aménager un nouvel espace vert dans le Mile End. Pour amasser les fonds nécessaires, ils misent sur une campagne de sociofinancement.
Le comité vert de la petite école secondaire alternative a décidé de prendre en main la conversion d’un terrain vague, situé aux coins des rues Bernard et Saint-Laurent, en un espace vert ouvert à tous.
Ayant déjà reçu le soutien de l’arrondissement, dont la conseillère Marie Sterlin, et de plusieurs autres partenaires, le projet est maintenant à la recherche de soutien financier.
Les élèves ont pour objectifs d’amasser 10 000 $ d’ici la fin du mois d’octobre grâce à une campagne de sociofinancement. Si l’objectif est atteint, le projet recevra 20 000 $ supplémentaires grâce à une contribution du Fonds Mille et UN et des Caisses Desjardins des Versants du Mont-Royal et du Plateau-Mont-Royal.
Jusqu’ici, la campagne de financement a recueilli près de 3 000 $ en dons.
Une démarche de transition écologique convaincante
Le programme d’études de l’école Édu2, axé sur l'entrepreneuriat et la gestion de projets, encourage ce genre d’exercice de participation citoyenne, un projet qui se veut bénéfique pour toute la communauté.
Mais l'idée de revitalisation du terrain vague est née de la démarche de transition écologique dans laquelle l’école s'est inscrite en 2022 avec le Lab22, un laboratoire d’innovations sociales et environnementales qui accompagne des écoles secondaires québécoises dans leur transition écologique.
« On a réalisé beaucoup d’activités avec le Lab22 depuis le début : des projets sur notre empreinte carbone, etc… Mais le réaménagement de l’espace ici est une grosse partie de notre collaboration », explique Arthur Guidoin, membre du comité vert.
Un coin de rue négligé
En novembre 2022, grâce à l’usage du droit de préemption, la Ville de Montréal devenait propriétaire de l’ancien immeuble de Million Tapis et Tuiles et de son terrain. L’objectif ultime est d’y construire une quarantaine de logements sociaux et communautaires.
Ce projet étant toujours en attente de financement, les élèves ont vu l’occasion d’aménager temporairement un espace vert qui encourage la biodiversité et les rencontres.
Le fait que les étudiants n'aient pas de cour d'école a aussi joué un rôle dans leur implication. Ainsi le projet « est apparu comme une solution doublement pertinente pour notre école et pour le quartier », peut-on lire sur le site web de financement du projet.
La biodiversité avant toute chose
Les travaux de conversion du terrain vague consistent d’abord à verdir l’espace en y plantant des espèces végétales indigènes et mellifères du Québec, afin d'en faire un coin de fraîcheur et un îlot de biodiversité au cœur de la ville.
« C’est sympa d’avoir des ruches dans le quartier, mais si elles n’ont aucun endroit pour butiner, les abeilles ne peuvent pas produire de miel », plaide Lou Gabriac, du comité. Les quelques arbres qui poussent seront conservés et un petit sentier existant sera également préservé pour les passants.
« Nous ajouterons des tables et des bancs, pour créer un espace propice aux rencontres extérieures, aux pauses détente et même à l'enseignement en plein air », explique l’étudiante de secondaire 4. Enfin, l’espace pourra servir de lieu de diffusion artistique pour de jeunes artistes locaux travaillant des matériaux recyclés.
Des partenaires essentiels à la bonne marche du projet
L’implication de partenaires du quartier a aussi été essentielle à la bonne marche du projet. Les étudiants sont reconnaissants de l’aide reçue. « Il faut absolument mentionner Claudine Auger St-Onge, du Lab 22, notre mentor. Et aussi Hugo, un directeur de l’école qui nous a beaucoup aidé dans nos démarches », souligne Lou Gabriac.
« Il faut aussi mentionner Studio Ascètes, Le Semoir et Aire Commune » s’empresse d’ajouter Arthur Guidoin. Studio Ascètes offre une œuvre d’art faite de matériaux recyclés, Aire Commune participera à la construction du mobilier et Le Semoir, une initiative spécialisée en reboisement social, offre des semences indigènes.
L'arrondissement, via ses services juridiques, s’occupe pour sa part de la rédaction finale de l'entente entre les étudiants et la ville, même s’il s’agit d'un prêt temporaire, jusqu'à la construction prévue des logements sociaux.
« Le mobilier, les plantations (en bac), l'œuvre d'art, l'animation, l'entretien seront sous la responsabilité de l'école, tout comme la campagne de financement », explique Geneviève Allard, conseillère aux communications.
Mais les instigateurs du projet sont optimistes pour l’avenir. «Si c’est joli, qui sait, peut-être que le nouveau propriétaire des lieux voudra conserver notre aménagement», espère Arthur.