Des avis et des données pour réfléchir à l'avenir de l'entrepôt Van Horne
Plus de 300 personnes étaient rassemblées au Rialto mercredi soir pour s’informer sur le projet de transformation du 1, avenue Van Horne et partager leur point de vue.
Ponctué d’interludes musicaux, le premier forum citoyen sur l’avenir de l’entrepôt Van Horne avait des airs de fête. L’enthousiasme de la foule pour cette grande mobilisation citoyenne était palpable, malgré les inquiétudes que suscite le projet de transformation du bâtiment en commerces, bureaux et hôtel.
La soirée réunissait des passionné.es d’urbanisme, d’histoire, de patrimoine, ainsi que des citoyen.nes de tous âges. Seul un invité brillait par son absence: le promoteur du projet, Rester Management, qui a décliné l’invitation envoyée par le Comité des citoyens du Mile End, Mile End Ensemble et la Corporation de développement communautaire Plateau-Mont-Royal.
Le défi : trouver une nouvelle vocation qui répond aux besoins du quartier
Le 1, avenue Van Horne, construit en 1924-25, est à la recherche d’une nouvelle vocation alors que son utilisation actuelle comme entrepôt de documents d’affaires devient caduque à l’ère de l’entreposage numérique. Mais les défis sont de taille pour cette reconversion puisque la construction du bâtiment et son emplacement imposent plusieurs contraintes.
« C’est un bâtiment qui n’a jamais été conçu pour être occupé par des humains, » explique Justin Bur, un urbaniste qui est membre de Mémoire du Mile End. “C’est conçu pour être confortable pour les marchandises, à l’abri des changements des températures d’hiver et d’été.”
En outre, l’entrepôt se retrouve coincé entre la voie ferrée du CP et le domaine public, ce qui limite les usages possibles.
Finalement, on note aussi que le temps est compté pour cet immeuble centenaire. «L’expérience nous enseigne que quand des bâtiments de ce type-là sont abandonnés, ils se détériorent très vite, » explique Yves Desjardins, un historien également membre de Mémoire du Mile End.
Une des structures qui a rapidement besoin d’un peu d’amour est le fameux château d’eau, un des derniers encore debout à Montréal. « C’est une structure métallique exposée aux éléments qui est à risque de tomber en ruines à courte échéance si on ne fait rien pour le sauver, » affirme Justin Bur.
Peu d’appui pour l’arrivée d’un hôtel dans le Mile End
Si presque tous s’accordent pour dire qu’un changement de vocation est nécessaire, l’idée de transformer le bâtiment en hôtel est loin de faire l’unanimité. C’est ce que révèle les premiers résultats d’un sondage lancé par l’arrondissement en janvier.
On y apprend que seuls 23 % des répondants sont d’accord avec la présence d’un hôtel dans le bâtiment. De plus, pour les citoyen.nes qui ont répondu au sondage, il est nécessaire d’ajouter un aspect communautaire et social au projet.
Pour ce faire, de nombreux répondants suggèrent la construction de logements sociaux, mais sur ce point, la réglementation est claire : le 1 Van Horne est situé beaucoup trop près d’une voie ferrée pour y accueillir des habitations.
Ceci étant dit, l’arrondissement peut forcer le promoteur à modifier le projet d’origine. « Par exemple le conseil d’arrondissement pourrait demander qu’il y ait une partie de la superficie de l’immeuble qui soit dédiée à un usage communautaire, » explique Maude Brochu, une urbaniste et résidente du Mile End.
Même si les usages proposés ne répondent pas nécessairement aux besoins du quartier, Justin Bur souligne que le promoteur actuel à bien fait ses devoirs avant de proposer son projet.
« Le promoteur est un petit promoteur local qui a fait appel à des architectes et designers du quartier. Ce n’est pas une entité corporative qui vient d’une autre partie du monde. Ils ont quand même réfléchi à quoi faire avec le bâtiment dans une situation difficile.»
Se mobiliser pour faire de l’entrepôt Van Horne un projet citoyen
D’autres rêvent de dépasser le simple compromis pour créer un projet-phare au service de la communauté du Mile End. Des exemples souvent mentionnés sont le Bâtiment 7, la Malting ou l’Espace Louvain Est.
Est-ce possible de faire la même chose pour l’entrepôt Van Horne ? L’équipe du Bâtiment 7 avait ce message pour les milendois.es : « Soyez sans compromis, mais soyez réalistes : ça prend du jus de bras. Donc si vous voulez un bâtiment 7, organisez-vous! »
Sans ouvertement appuyer ce genre de proposition, Richard Ryan, un ancien conseiller d'arrondissement du district Mile End, croit tout de même que le projet actuel ne devrait pas voir le jour.
« Oui, il y a le patrimoine du bâtiment, mais il y a aussi le patrimoine immatériel qui est le milieu de vie, la qualité de vie dans le quartier. Et ça, c’est super important. »
« Moi j’invite vraiment [les élu.es du Plateau] à rejeter ce dossier-là pour repartir à la case zéro. J’ai été dans ces positions-là, je sais que ça se fait très rarement. Mais à l’occasion c’est justifié de le faire et, là, il peut y avoir une mobilisation, » affirme-t-il.
Prochaine étape : une grande consultation publique
Pour l’instant le projet de transformation est toujours en cours d’étude par l’arrondissement qui devra ensuite décider s’il va de l’avant avec le processus en adoptant un projet de résolution. Le cas échéant, une consultation publique sera déclenchée.
Mais ne vient-on pas de réaliser un sondage qui a récolté plus de 10 000 réponses ? Oui, mais ce sondage se voulait une façon de tester le terrain avant d’aller plus loin. Le processus réglementaire, le PPCMOI, exige une consultation publique officielle avant une décision définitive de l’arrondissement.
Nous n’en sommes donc qu’au tout début d’un long processus où tous les résultats sont encore possibles.
Le Mile End a eu une longue tradition de manufactures de textiles... Les industries sont parties en Asie depuis plusieurs décennies...
Pourquoi ne pas recréer une manufacture de textiles dans ce bâtiment?
Nous redeviendrions autonomes dans le domaine du tissu...et cela créerait des emplois stables...
La France vient de reprendre des usines de textiles à l'abandon, dans le nord... Un espoir... réaliste?
Sylvie Audouin, résidente du Mile end depuis 1984!