Assurer la sécurité des enfants qui circulent près des écoles du Plateau devient de plus en plus ardu constate Gérald, brigadier depuis 13 ans. Malgré les efforts de l’arrondissement pour sécuriser les zones scolaires, il en voit de toutes les couleurs.
Ce ne sont pas tant les enfants, qu’il côtoie depuis 13 ans, qui préoccupent Gérald, responsable de la sécurité des jeunes près de deux écoles de l’est du Plateau. Ce sont plutôt les autres usagers de la route qui l’obligent à redoubler de vigilance.
Les problèmes de circulation et de congestion sur le Plateau font les manchettes et le sujet est récurrent sur les groupes Facebook de quartiers. Selon le brigadier, ce n’est pas étonnant puisque la circulation est plus laborieuse que jamais.
Des comportements imprévisibles et dangereux
Au-delà des nombreuses voitures, « c’est surtout tout ce qui circule maintenant sur la piste cyclable : les vélos, les planches, les trottinettes... c’est pareil pour tous les usagers », précise-t-il.
Il remarque que la majorité des automobilistes tendent à être davantage respectueux du Code de la route aux heures de pointe. « Parfois je suis au milieu de la rue, je fais traverser des enfants et les cyclistes passent quand même à côté, tout près, comme si de rien n’était », explique-t-il.
Les automobilistes délinquants, quant à eux, se garent souvent dans des endroits interdits, notamment aux coins de rue. Certains arrêtent même leur véhicule en bloquant les passages piétons. Pire encore, d’autres s’engagent sur la route malgré la présence du brigadier et des piétons.
Tout cela fait partie du quotidien des brigadiers scolaires du Plateau-Mont-Royal qui doivent aussi, par la force des choses, gérer d’autres responsabilités. « Il faut être vigilant et oui, cela nous pousse à intervenir auprès des automobilistes et de tous les usagers de la route... même des chiens ! » ajoute Gérald en riant.
Une myriade de modifications pour apaiser la circulation autour des écoles
Bien que l’arrondissement n’ait pas de plan général pour la circulation autour des écoles, celui-ci affirme être largement intervenu au cours des 15 dernières années.
« Nous agissons ponctuellement à la suite de nos propres observations, ainsi que des demandes de citoyen(ne)s ou de directions d'écoles, afin de continuer à améliorer la sécurité, non seulement autour des écoles, mais également le long des corridors scolaires », explique Geneviève Allard, conseillère en communication de l’arrondissement.
Depuis le 1er janvier 2023, pas moins d’une trentaine de modifications ont été apportées pour ralentir la circulation autour des différentes écoles de l’arrondissement.
Les mesures mises en place sont variées : il y a eu l’installation de dos d’âne, l’ajout d’arrêts, le réaménagement de trottoir pour y ajouter des saillies, l’ajout de balises flexibles sur plusieurs rues, de même que la mise à sens unique d’une section de la rue Gilford (école Saint-Pierre-Claver et école Paul-Bruchési) et de la rue Rivard (école Laurier).
Mme Allard ajoute qu’il y a eu 41 opérations avec le radar photo mobile du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) entre janvier et mai autour des écoles du Plateau. Sur les plus de 52000 véhicules contrôlés, 3215 constats d'infraction ont été donnés, ce qui représente environ 6% de tous les véhicules contrôlés.
L’arrondissement espère également installer des radars photo permanents près de cinq écoles primaires de l’arrondissement: Lambert-Closse, Bancroft, Paul-Bruchési, Saint-Pierre-Claver et Élan. Par contre, ce projet ne pourra avoir lieu sans l’aval de Québec.
Une autre solution possible : l’aménagement d’une place-école
Depuis maintenant un an, l’école primaire Paul-Bruchési est bordée par une place-école qui occupe une section de rue de Lanaudière située entre Gilford et Saint-Joseph.
L’impact de ce projet sur la sécurité des déplacements n’a pas été évalué. Par contre, l’arrondissement mentionne une étude qui démontre que ce type d’aménagement a un effet positif sur les déplacements actifs. La Plateau-Mont-Royal demeure donc intéressé à aménager de nouvelles places-écoles sur son territoire.
Assurer la sécurité des écoliers, un métier post-retraite qui demeure enrichissant
Bien que travailler dans la rue comporte des risques, Gérald continue d’apprécier son métier de brigadier qui offre des moments d’échanges humains précieux.
Il est clair que les enfants et les parents apprécient son travail, lui qui est en poste dès 7h30 le matin, puis à midi et à 15h. Avant de partir, un enfant d’âge préscolaire le salue de sa poussette. Les enfants lui souhaitent une bonne journée, et les parents le remercient d’un sourire.
« Je suis retraité, mais je ne me vois pas rester à la maison à ne rien faire », dit-il. Pour lui, ce second métier est une véritable source de satisfaction, malgré les difficultés. « Je connais tous les visages, je vois les enfants grandir et changer d’école. J’adore ça », conclut-il.